TOP 5 des difficultés de traduction des webtoons coréen français

Nombreuses sont les difficultés de traduction dans les webtoons et lorsqu’on débute, cela peut être synonyme de prises de tête.
TOP 5 des difficultés traduction

Table des matières

1. Appellations et absence de genre

En coréen, il existe des dénominations utilisées pour s’adresser à certaines personnes, selon sa position, son rang et sa hiérarchie.

Ainsi, au lieu d’appeler quelqu’un par son prénom, un Coréen préfèrera dire : « 이모 » (Tante), « 태훈 어머니 » (Mère de Taehoon) ou encore « 김 사장님 » (Patron Kim). Plutôt amusant, me direz-vous.

Maintenant, imaginez la panique du traducteur lorsqu’un personnage parle de quelqu’un qui n’a pas encore été présenté au lecteur et que les épisodes suivants ne sont pas publiés. Impossible de poursuivre la lecture pour en savoir davantage.

Sans compter que le coréen n’étant pas une langue genrée, contrairement au français, les mots sont neutres. Il n’y a pas de féminin ni de masculin.

Si un personnage parle du patron d’une entreprise, comment savoir si c’est un directeur ou une directrice ?

Autre exemple, les coréens utilisent des titres honorifiques pour s’adresser à leurs amis ou personnes d’un âge proche :

  • 언니 (Unnie) : Titre honorifique utilisé par les femmes pour s’adresser à une grande sœur ou une femme plus âgée qu’elles.

  • 오빠 (Oppa) : Titre honorifique utilisé par les femmes pour s’adresser à un grand frère ou un homme plus âgé qu’elles.

  • 형 (Hyung) : Titre honorifique utilisé par les hommes pour s’adresser à un grand frère ou un homme plus âgé qu’eux.

  • 누나 (Noona) : Titre honorifique utilisé par les hommes pour s’adresser à une grande sœur ou une femme plus âgée qu’eux.

Si l’éditeur n’accepte pas l’utilisation de ces termes en français, il faut trouver un moyen de contourner le problème : soit contacter l’auteur du webtoon (ce qui reste la solution la plus pratique), soit essayer de reformuler la phrase de manière à ce que ce mot problématique n’apparaisse pas.

Notez que dans certains cas, l’auteur peut jouer sur ces termes pour donner de la structure à l’histoire.

Par exemple, le webtoon “La Vengeance du pion” (Auteur : EVY édité chez Lezhin Comics) met en scène l’histoire d’un jeune prostitué cherchant à échapper à des proxénètes.

Ce jeune homme les appelle « Oppa », alors que ce terme est généralement utilisé par les femmes pour s’adresser aux hommes.

De cette façon, l’auteur appuie sur le côté séducteur du personnage et dénigre la masculinité de ce travailleur du sexe.

2. Absence de sujet

Une autre difficulté qui peut prêter à confusion est la potentielle absence de sujet dans les phrases.

Pour une phrase telle que : « Tu as mangé ? », on dit en coréen : « 밥 먹었어 ? » (littéralement : “as mangé la nourriture ?”), de la même façon que : « Elle a mangé ? ».

Ainsi, il faut faire attention au contexte, à la façon de parler des personnages ou encore au dessin afin de déterminer quel personnage s’exprime et à qui.

3. Onomatopées

La plus grande difficulté pour quelqu’un qui débute dans la traduction de webtoons est de faire face aux innombrables onomatopées coréennes, il est d’ailleurs conseillé de se constituer un lexique.

Si les onomatopées françaises décrivent des sons et des bruits, la richesse des onomatopées coréennes est grande.

Elles sont utilisées aussi bien dans la langue parlée que dans la littérature, tandis que leur utilisation est limitée à la bande dessinée en français.

Il existe deux sortes d’onomatopées en coréen : celles décrivant des sons et celles décrivant des actions.

Les onomatopées explicitant des sons sont les plus faciles à traduire car il existe souvent des équivalents en français. En voici plusieurs exemples :

Onomatopée coréenne

Onomatopée française

Signification

짹짹(jjaekjjaek)

Cui Cui

Piaillement des oiseaux

째깍째깍 (jjaekkakjjaekkak)

Tic Tac

Son de la pendule

벌컥 (beolkeok)

Clac

Claquement d’une porte

퍽 (peok)

Paf

Coup

Mais les onomatopées les plus compliquées sont celles décrivant une action, puisqu’elles sont inexistantes en français.

Le traducteur peut les traduire par des adjectifs, voire des verbes, quand cela est adapté et que l’éditeur l’y autorise.

Ci-dessous quelques exemples :

Onomatopées coréennes

Onomatopées françaises

Signification

활짝

Heureux

Sentiment de quelque chose s’ouvrant (éclosion d’une fleur, par exemple). Donc image des lèvres qui s’étirent en un sourire.

깜짝

Surpris

Sentiment de surprise, de choc ou encore l’action de sursauter

고오오

Menaçant

Atmosphère/Personne effrayante voire menaçante.

4. Ponctuation ou langage sans équivalence

Les règles de ponctuation diffèrent grandement selon les langues : le français et le coréen ne dérogent pas à la règle.

Le traducteur doit toujours respecter les règles de ponctuation française ou celles de l’éditeur, même si celles-ci diffèrent de la version originale.

Parfois, le traducteur doit trouver d’autres moyens de retranscrire le sens qu’a voulu donné son auteur au texte.

Par exemple, dans la série Viral Hit de Naver, des arobases ou des virgules sont souvent ajoutées dans les textes en ligne pour signifier que c’est une personne âgée qui s’exprime.

Or, dans la bande dessinée française, mettre des signes de ponctuation à l’excès signifierait plutôt que le personnage émet des jurons.

Il convient donc de changer cette façon de s’exprimer.

5. Ponctuation ou langage sans équivalence

La dernière difficulté que nous allons aborder ici est rencontrée fréquemment par le traducteur.

Puisque les webtoons sont divisés en épisodes, l’auteur les finit souvent par une note de suspens pour donner l’envie au lecteur d’attendre le prochain, publié en général une semaine plus tard.

Or, de par l’absence de sujet ou de genre en coréen, le traducteur peut se retrouver dans une situation délicate, lui-même n’ayant pas accès aux prochains épisodes.

Par exemple, si un épisode se termine par « 왔다 » (littéralement, [il/elle] est arrivé) mais que le personnage en question n’est pas indiqué, il faudra alors trouver une autre formulation, selon le contexte : « Il est temps. », « Le moment est venu. », « ça commence. », etc.

Conclusion

Bien sûr, c’est en forgeant qu’on devient forgeron !

La majorité de ces difficultés sont aisément surmontables avec un peu d’expérience et de communication avec l’éditeur.

Ce sujet fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article ! 😉

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